Pour ma première participation au Challenge AZ, je vous invite à faire connaissance avec mon environnement généalogique.
Résumons l’article d’hier. Je vous expliquais mes différentes recherches foncières et dans cet article, je vais, aujourd’hui, vous dresser une généalogie rapide de la maison.
En 1745, ce hameau de Rouvres est aussi appelé Ferme de Rouvres. Une centaine d’hectares de terres dépendaient de cette ferme. Elle est décrite comme un manoir seigneurial « consistant en plusieurs bâtiments, granges, pressoirs, hangar, écuries, étables, toits à porcs et autres bâtiments couverts ».
Matrices cadastrale de 1813 et 1822 : Monsieur Louis Pichon possède, en plus des 3 parcelles 56, 57 et 58 sur lesquelles il y a du bâti, plusieurs autres parcelles qui formeraient aujourd’hui, un très vaste pâté de maisons. Ce renseignement corrobore la description mentionnée ci-dessus. Pour avoir une idée, voilà la carte actuelle avec les parcelles appartenant à monsieur Pichon. Ma maison actuelle n’occupe donc qu’une infime partie de ces terres!
Le recensement de 1817 confirme qu’André Louis Pichon demeure sur ce domaine.
Louis André Pichon (1771-1854) est un homme important. C’est un diplomate et un haut fonctionnaire qui fit l’essentiel de sa carrière aux Etats-Unis et en Algérie après 1830. Il a épousé la fille de l’architecte de la Bourse de Paris, Alexandre-Théodore Brongniart. Il aurait aussi été maire de Vigneux, mais je n’ai pas fait de recherches à ce sujet.
En 1832, la Ferme de Rouvres devient la propriété du Baron Alexandre de Saint-Félix. Ce baron n’a pas laissé beaucoup de traces derrière lui, peut être parce que l’état civil parisien a brûlé… Le seul acte que je trouve est son décès le 1er février 1834 à Paris dans le 2e arrondissement (numérotation ancienne). La jeune baronne est veuve et vit sur son domaine en 1836 avec son personnel.
Elle ne reste pas veuve longtemps car elle se remarie à Vigneux sur Seine le 28 septembre 1836 avec Charles Eugène Marie, Comte CHATON des MORANDAIS. L’acte de mariage est l’occasion d’apprendre qu’Alexandre de Saint-Félix était officier de la Maison du Roi et commandant de l’ordre de la Légion d’honneur. Alphonsine connaîtra une fin tragique le 3 septembre 1864 car elle meurt d’un accident chez Jean Baptiste Lefeuvre, cultivateur demeurant au château des Coudray en Langouet (35). [Sources : AD 91, AD 35] Elle vend le domaine en 1838 à la famille Duquesne (une recherche très rapide ne m’a pas donné de renseignements sur cette famille). Le recensement de 1846 de Vigneux nous donne le nom des habitants de la Ferme.
En 1852, le domaine passe aux mains de Georges Abresch. C’est un ancien officier de l’armée napoléonienne, capitaine d’infanterie légère, qui fut blessé sur le champ de bataille, chevalier de la Légion d’honneur, né en 1785 à Strasbourg. Il demeure habituellement Rue de Babylone à Paris, mais il décède à Vigneux, dans « sa maison de campagne, au village de Rouvre » [AD Georges Abresch, AD 91, NMD Vigneux-sur-Seine] le 10 octobre 1857. Il semble qu’au recensement de 1856, il y ait désormais une distinction entre le Ferme de Rouvre et la maison du propriétaire.
C’est ensuite un peu flou, je me base sur les recensements. Entre 1866 et 1891, Achille Pierre Anne Chambon est identifié comme propriétaire et fermier. Pourtant, la matrice cadastrale de 1882 indique une mutation concernant la propriété. La maison du hameau de Rouvre passe de la Marquise de la Panouse à Henri Louis César de la Panouse, habitant 33 rue Saint-Dominique à Paris. Il n’existe pas d’actes notariés à proprement parler des possessions des de La Panouse. L’archiviste municipal me confirmait qu’il était bien difficile de reconstituer avec précision les biens des Chodron de Courcel et des de La Panouse et leur évolution dans le temps. Certaines portions de terres ont été données ou vendues à la municipalité par exemple, sans qu’il n’y ait de traces conservées. J’ai moi-même consulté le testament d’Henri Louis César de La Panouse. Il y est fait mention de son château de Saint-Rome dans le Lauragais, de son appartement rue Saint-Domique et de rentes qu’il crée pour différentes personnes qui lui sont chères, mais de ses terres à Vigneux, rien!! Et pourtant, lors de la vente par adjudication de 1932, l’historique de la propriété est retracé avec grande précision. Il faudrait sans doute consulter l’acte de vente entre les époux Faisseau et le Vicomte, mais cet acte, bien que devant légalement être versé aux archives départementales car datant de 1925, est toujours jalousement conservé à l’étude notariale et le consulter revient très cher financièrement… 🙁
La ferme est probablement acquise par Anastasie à une date que je n’ai pas réussi à déterminer (crayon gris) qui la « passe » en 1882 à son frère Henri (crayon vert). N’ayant pas d’héritier et par testament, ses biens sont transmis en 1893 à son décès à son frère Artus (crayon jaune). Au décès de celui-ci en 1904, son fils Artus, son unique héritier, recueille la succession et garde en propriété la maison jusqu’en décembre 1925. A cette date, elle est vendu au couple Faisseau.
Les propriétaires se succéderont au fil du XXe siècle, ingénieur, commerçants tout juste naturalisés français au sortir de la guerre, puis d’autres commerçants, sans doute juifs ayant fui la Pologne avant-guerre et changeant de nom contre un patronyme purement français, afin sans doute d’enfouir de tristes souvenirs, familles…jusqu’aux propriétaires actuels, c’est à dire, nous!
Cette maison, même si j’ai l’intime conviction de sa construction très ancienne, garde donc une partie de ses secrets (de quand date-t-elle réellement?). Il va falloir essayer de trouver d’autres informations!
Et vous, votre maison est-elle récente? Avez-vous reconstitué son histoire?
Quelles recherches ! C’est chouette d’avoir une maison qui possède une telle histoire.
Belle histoire.