Pour ma première participation au Challenge AZ, je vous invite à faire connaissance avec mon environnement généalogique.
Cet article m’est cher car il va traiter de mon grand-père et il va traiter d’évènements dont il n’a jamais trop parlé. Mon grand-père n’avait plus de dents alors qu’il était encore jeune. Quand j’allais en vacances chez ma grand-mère et lui, il y avait toujours son « verre à dents » sur le lavabo de la salle de bain avec son dentier intégral. Je passais toujours quelques instants à regarder cette gouttière de dents blanches avec la gencive bien rose tremper dans le fameux verre, à la fois fascinée par ces belle couleurs et un peu dégoûtée… Mon pépé n’avait donc plus de dents et je savais, parce qu’il l’avait dit, que c’est parce qu’il avait attrapé le scorbut quand il était jeune en Allemagne. Point final!
J’avais bien entendu parler du STO, je savais ce que c’était, j’avais des bribes d’informations, il se serait caché… J’ai donc décidé il y a deux ans de faire quelques recherches. Bizarrement, cette envie m’a prise le jour de son anniversaire, un signe peut être… Mais j’avais vu quelques semaines auparavant une émission dans laquelle Franck Dubosc partait à la recherche du passé de son grand-père prisonnier en Allemagne, l’inconscient a fait son travail…
J’ai donc écrit aux Archives départementales de la Marne, car mon pépé était marnais, demandant si des archives le concernaient. La réponse a été assez rapide et positive. Les fonds de la série 160 W (Préfecture régionale-service régional de sécurité militaire) détenaient des documents. Ni une, ni deux, me voilà partie à Reims où sont conservés ces fonds.
J’y ai retrouvé 2 documents, suffisants pour éveiller la curiosité, mais pas assez pour y répondre!
Dans la liasse rassemblant les « listes de prisonniers, déportés, requis et volontaires établies par les maires », je retrouve la trace de mon grand-père ainsi que de tous les jeunes gens de sa ville qui se trouvent en Allemagne. Chaque commune a envoyé sa liste, ce qui représente une liasse très conséquente! Ces listes ont été établies courant 1944/1945 à la demande des forces militaires françaises auprès des maires afin de recenser toutes les personnes qui se trouvaient en Allemagne à cette époque. On y trouve l’identité de la personne, sa date et son lieu de naissance, la dernière adresse avant son arrestation/déportation, le dernier endroit connu où cette personne demeurait/travaillait en Allemagne et la date du dernier courrier reçu par la famille. Voilà ce qui concerne mon grand-père:
Les dernières nouvelles données par pépé à ses parents dataient du 25 juillet 1944, il habitait alors un habitat collectif situé à Niedergirmes, qui est un quartier de Wetzlar. Wetzlar est une ville industrielle allemande située sur la Lahn, à une soixantaine de kilomètres de Francfort-sur-le-Main.
Et ce document corroborait également le fait qu’il s’était fait attraper à Saint-André-les-Vergers, pas du tout à Sézanne, là où il habitait. Effectivement, sa fiche de rapatrié d’Allemagne confirme ce fait. Il a été arrêté le 20 février 1943 à Saint André, il n’avait pas 20 ans. J’imagine,qu’il a du se sauver de chez lui et vouloir se cacher. Il avait de la famille à Troyes et c’est sans doute en voulant s’y rendre qu’il s’est fait prendre. Où, quand, comment, cela restera un mystère, pépé étant décédé depuis plusieurs années et mémé disant ne pas savoir…
Une autre chose « bizarre » est que les fiches de rapatriées que j’ai examinées sont pour la plupart toutes établies par le bureau de Châlons-sur-Marne, ce qui semble logique puisque c’est la préfecture du département et que toutes les personnes rentrant d’Allemagne sont dirigées vers les instances de leur département. La fiche de mon grand-père est établie à Hayange.
Pourquoi est-il arrivé là et pas à Châlons? La fiche n’est pas datée, aucune idée de son retour… La légende familiale dit qu’il s’est échappé, il serait donc rentré par ses propres moyens et pas par un rapatriement organisé?
A Wetzlar, Il travaillait chez Buderus où il était fraiseur.
Un petit tour sur les fiches Wikipedia de Wetzlar, de Niedergiermes et de Buderus nous apprend que Buderus est une entreprise allemande de fonderie, fondée en 1731 à Wetzlar et basée à Niedergiermes… Elle existe toujours et fait partie du groupe Bosch. La gare de Wetzlar était aussi située à Niedergiermes… Ces éléments plus le fait que Wetzlar soit une ville très industrielle faisaient que cet endroit était un lieu stratégique pour les bombardements alliés et c’est ce qui s’est produit en 1944.
Voilà donc mon pépé sous les bombardements… Il a eu la chance de ne pas être blessé. En a-t-il profité pour partir? Cela semble plausible.
Il me restait encore une piste à explorer, le SHD de Caen qui conserve les dossiers des victimes des conflits contemporains. Ce fut chose faite en mai dernier car il existait quelques documents conservés au nom de mon grand-père : une demande de passeport, 2 photos d’identité et une fiche de contrôle. J’ai photographié ces documents et je les examine aujourd’hui car il n’y avait rien de nouveau par rapport à ce que je savais, je n’avais pas regardé en détail! Et bien, voilà ma découverte du jour!
Pépé était le 7 avril 1945 à Hayange, il avait quand même perdu 10kg (lui qui n’était déjà pas gros!), mais reçu un colis de vivres et un paquet de cigarettes!! Il n’a pas du rester longtemps à Hayange, il était chez lui vers l’été à Sézanne. Encore une fois, comment, avec qui, dans quelles conditions a-t-il fait le retour? Mystère.
J’écrirai quand même au Centres des archives de Bad Arolsen qui conserve aussi des documents de cette époque, j’aurai peut être plus d’informations sur son travail chez Buderus ou ailleurs…
Avez-vous aussi un parent ayant subi le STO? Quelles sont vos recherches?
Photos : archives personnelles et Image parPeter H de Pixabay
bonjour
Mon grand père était également STO à Nuremberg et au centre de rapatriement d’Hatange.
Je suis en train de retracer son parcours.
Comme il est encore vivant, j’en profite pour l’interroger.
Cordialement
Bonjour,
Voilà qui est intéressant!Effectivement, il faut essayer du vivant de nos grands-parents de tirer le maximum d’informations.
Je n’ai pas eu cette chance avec mon grand-père.
Si vous avez quelques informations à propos d’Hayange, je suis intéressée.
A bientôt, Marie-Laure