C’est en effet LA question que l’on doit se poser avant de franchir le cap. Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises raisons, mon but n’est pas de juger untel ou tel autre, mais d’expliquer l’intérêt du test. J’ai déjà parlé du sujet ici.
Nous sommes quelque généalogistes, amatrices ou professionnelles (eh non, pas de parité dans ce cas, nous n’avons pas de collègue masculin intéressé pour le moment par ce sujet) à nous y intéresser car les demandes pour exploiter les tests commencent à nous parvenir. Je vais vous faire part de mes recherches afin d’expliquer plus clairement ce qu’on peut attendre du test et surtout ce qu’on ne peut pas en attendre.
Il faut être bien conscient qu’un test n’est pas anodin et peut vous révéler des secrets qui étaient peut être bien gardés. En effet, votre échantillon est comparé aux millions d’autres échantillons analysés par le laboratoire et c’est ainsi que l’on met en évidence les matchs. Même si les probabilités sont faibles, elles existent, et vous retrouver avec un demi-frère, une demi-soeur, un grand-père génétique alors que vous en avez déjà un généalogique, peut bouleverser une famille. En effet, tous les résultats apparaissent de la même façon. Après une petite mise en scène plus ou moins attrayante pour vous donner vos origines ethniques, les matchs apparaissent avec les liens de parentés supposés.
En ce qui me concerne, tout va bien, il s’agit bien de ma grand-mère, mais imaginez 2 secondes l’effet produit, avec un nom que vous ne connaissez pas… En avez-vous envie?
Je n’ai que très peu de matchs exploitables. Le test me permet de vérifier ce que me dit ma généalogie, mes ancêtres ont peu voyagé et ma famille n’est pas très nombreuse, mes ancêtres à 4, 5 générations n’ont pas eu de nombreux enfants et ceux-ci sont restés dans un périmètre assez limité. Il y a donc peu de raisons que je trouve des matchs importants, sauf si un « cousin » fait le test comme moi, pour apprendre ou par curiosité. Malgré tout, j’aimerais bien trouver le lien avec mon parent le plus proche après ma grand-mère. C’est là que le travail se corse, ou devient intéressant, selon l’angle avec lequel on analyse le résultat.
Voilà voilà… J’ai un prénom, une nationalité, une relation « familiale » et…c’est tout… C’est ce qui se produit le plus souvent et là, avant de trouver le lien, de l’eau va couler sous les ponts. En effet, si la personne n’a pas mis d’arbre (c’est le cas ici) et avec l’outil fourni par le laboratoire, j’estime qu’il me faut remonter jusqu’à mes 4e arrière-grands-parents, en plus, sans idée du côté. Est-ce que je dois remonter de mon côté paternel ou maternel? Et ensuite, quelle branche? Dans le doute, je dois remonter jusqu’à mes 64 ancêtres et redescendre tous leurs descendants, sans oublier que parmi ces ancêtres, certains sont de pères inconnus. N’oublions pas non plus les relations extra-conjugales, voulues ou non (et oui, il faut aussi envisager que le viol a pu être commis…). A moins d’être passionnée et d’avoir devant moi beaucoup de temps et d’obtenir tous les documents, je ne vais pas avoir de réponse…
Malgré tout, il arrive que l’on puisse avoir un match assez important et la chance que la personne ait mis un arbre ou même un début d’arbre. C’est là que la généalogie intervient efficacement et peut trouver assez rapidement le lien commun entre les 2 personnes testées.
On ne peut pas faire l’impasse sur la recherche généalogique pure car souvent les personnes ne répondent pas aux messages que vous leur envoyez, pleins d’enthousiasme, tout heureux d’avoir trouvé un cousin! Pourquoi cette absence de réponse, je n’en sais rien, mais si on est dans ce cas et qu’on ne sait pas rechercher, on ne trouvera rien.
Exemple avec mon ami Robert pour qui j’exploite les données.
1er exemple, le jaune. Situation très facile, la personne a mis un début d’arbre, le lien de parenté entre Robert et son cousin est assez proche, j’ai vite trouvé l’ancêtre commun qui est au niveau des grands-parents de l’un qui sont les arrière-grands-parents de l’autre.
2e exemple, le bleu. A degré de parenté équivalent, je ne parviens pas encore à trouver le lien car cette personne n’a pas renseigné d’arbre de sa famille et il se trouve que la famille de Robert est très très étendue… Heureusement, un 3e larron vient se greffer et je viens pour lui et Robert de trouver l’ancêtre commun. Pourtant, bleu et rose sont très proches dans leur relation génétique, il va me falloir éplucher tout ce que je vais pouvoir trouver dans les registres pour pouvoir raccrocher bleu à Robert et rose.
Ce qui est aussi difficile à déjouer, c’est que jaune, bleu, rose et Robert partagent un même ancêtre de façon certaine, mais que jaune, lui, n’apparait pas comme cousin de rose…
Vous comprendrez donc à travers cette petite analyse qu’un test ADN n’est pas anodin.
Si votre objectif est juste de voir vos origines, oubliez l’idée car la fiabilité des réponses est assez médiocre, même si les laboratoires progressent. Vous mettrez une soixantaine d’euros à la poubelle avec le risque de voir sortir un lien de parenté tout à fait inattendu.
Si votre idée est de trouver un parent inconnu, il y a peu de chance aussi que le résultat vous apparaisse du premier coup, il va falloir débroussailler les matchs et les étudier, et puis, réfléchissez aussi à l’impact que cela peut produire sur la personne que vous allez identifier comme parent. Cette personne ignore sans doute votre existence, ou l’a caché à sa propre famille…
Enfin, vous voulez trouver de la famille éloignée et dans ce cas, le travail s’avère souvent difficile.
Dans tous les cas, je pense qu’on ne peut pas faire l’économie du généalogiste qui saura vous orienter dans vos recherches, vous conseiller, servir également d’intermédiaire en cas de recherche de parents. Et quoi qu’il en soit, le maître mot dans les recherches généalogiques liées à la recherche génétique est … PATIENCE.