Pour ma première participation au Challenge AZ, je vous invite à faire connaissance avec mon environnement généalogique.
J’aurais tout aussi bien pu dire : « heeeiiiiinnnn »?, mais il fallait trouver un mot qui commence par K… 🙂
Aujourd’hui, je vais vous parler de mots. Alors, non, ce n’est pas de la généalogie à proprement parler, mais c’en est quand même parce que ces mots me viennent de mes grands-parents et de mes parents. Ils les ont hérité de leur environnement, de leurs parents, de leur entourage, de leur région.
Outre les mots ou expressions, il y a cet accent assez caractéristique qui est un mélange d’accent picard et de l’est. Les « a » sont prononcés assez fermés, (on dit facilement du « cocâ colâ » pour dire du coca cola), les mots traînent un peu, certaines voyelles sont avalées (on dit la s’maine, la m’ringue…). On dit « hein? » quand on veut faire répéter quelqu’un. Ecouter le message du répondeur téléphonique de papa est une vraie madeleine de Proust 🙂 Sinon, écouter Jean-Marie Bigard à ses débuts, troyen de naissance et de jeunesse, vous donnera une bonne idée de notre parler.
Quand j’ai rencontré mes amis franciliens, je leur ai parlé naturellement, sans faire attention à la tournure de mes phrases, ni au vocabulaire que j’employais (quand j’étais à l’école, je faisais attention malgré tout car je savais bien que certains de mes mots n’étaient pas « corrects »). 3 mots ou expressions sont emblématiques auprès d’eux et resteront dans notre langage commun, surtout lorsqu’ils veulent se moquer de moi… il s’agit de « nareux », « faut qu’on n’y’alle » et « fait chaud la gueule ».
Je remercie vraiment sincèrement Mathieu AVANZI, maître de conférence à Paris IV-Sorbonne de travailler et de publier des guides sur la langue régionale française. Vous trouverez son site ici. Il consacre une page au mot « nareux ». Mes lecteurs de l’Est de la France savent bien de quoi je parle, mais pour les autres, je vous invite à aller chercher les explications données par monsieur Avanzi. Un indice, il y a un rapport très fort avec la nourriture.
« Fait chaud la gueule » parle de lui-même, pas besoin d’explication! On l’emploie évidemment quand on a chaud. Personnellement, comme je rougis très facilement (c’est le désavantage des peaux claires et fines), je l’utilise dans ces situations!
« Faut qu’on n’y alle » vient du verbe aller et signifie « il faut y aller ». Je ne m’étais jamais rendue compte que je ne prononçais pas bien du tout ce verbe. Depuis, mes amis ont inventé le verbe « nyaller » et cela reste une blague entre nous! 🙂
Autres termes que j’aime utiliser et que je ne sais pas remplacer par d’autres mots ou alors pour lesquels je dois faire un effort : « tantôt » désigne chez nous, cet après-midi; « ça va viorner » signifie que ça va dépoter; « dépresser les légumes » signifie qu’on éclaircit les rangs des jeunes pousses afin de laisser de la place pour que les légumes puissent bien grossir (par exemple, on dépresse les carottes); « chiotter » signifie « traîner » dans le sens qu’on n’a pas envie de faire une tâche (on dira à quelqu’un « arrête de chiotter et mets-toi au travail! »). Mes enfants « régrennent » leur assiette à la fin du repas pour qu’il n’y reste rien… (je vois là que la personne écrit « ragrainer »)
La boudine : c’est le nombril, j’ai utilisé ce mot jusqu’à ce que je vienne m’établir en région parisienne, il y a 25 ans…
S’entrucher est aussi cité par Mathieu Avanzi et pour le coup, il n’y a pas de terme français équivalent. Quand on s’entruche, c’est quand on avale de travers.
Nicasser : j’entends encore ma mémé Marcelle nous dire à ma soeur et moi d’arrêter de nicasser… Nicasser, c’est rire, mais un peu bêtement, comme des ados filles qui rient fort et pour un oui, pour un non.
Je peux encore citer « patasser », « la gadouille », « s’empierger », « les affutiaux », « être derne », « être crouni » ou bien « i broussine » ou « ça va brouillasser »…
J’entends, au moment où j’écris ces lignes, les voix de mes grands-parents ou de mes parents (maman bâche et papa dépresse les carottes) prononcer ces expressions et un souffle de nostalgie virevolte autour de moi…
Et vous utilisez-vous des mots de « patois »?
Sources : https://francaisdenosregions.com/, https://bonnesadressesremoises.fr/index.php/parler-champenois/, http://memoiredevillevenard.fr/WordPress3/wp-content/uploads/2012/04/a-cabidos.pdf, Image parRaya Kridel de Pixabay
Oui bien sûr, mais pas le même. J’ai été élevée au « Morvandiau » et maintenant je suis passée au Chti !
Certains mais pas tous (je suis du nord de la Champagne, de Reims), comme : je me suis empiergée du coup je m’entruche ; Il est fort tard, bientôt dix neuf heures vingt (prononcer vinte), ce qui faisait rire mes amis parisiens !
C’est vrai qu’il y a le « vinte », l’expression « une paire de » pour signifier non pas 2, mais plusieurs (j’ai encore une paire d’exercices à terminer) et encore pleins d’autres expressions (i va t’arriver des bricoles si tu fais pas ça!)…
Dans cet article, j’emprunterais volontiers quelques expressions qui me plaisent bien. D’autres que je retrouve ici font surgir des souvenirs aussi !
Comme vous, je suis régulièrement et avec plaisir les publications de « Français de nos régions ».
Tantôt et affutiaux : expressions entendues de ma grand-mère drômoise …
Les autres expressions sont des découvertes.
Je n’en utilise pas tellement et j’ai toujours eu l’impression d’être en « langue étrangère ». Quand je suis arrivée en Bourgogne, petite, beaucoup de mots m’étaient inconnus et la même chose s’est produite lorsque je suis arrivée dans le Sud ; mes amis ‘s’escagassaient’, « roumégaient » quand cela « péguait », parlaient de lieux inconnus, comme « Endoume » où il fallait « caguer », mangeaient des « soupes d’esques », des « alouettes » (que je croyais être des oiseaux…)… Bref ! J’étais totalement perdue !
Je pense que ces expressions sont vraiment le fruit d’un héritage culturel et que si la famille ne les emploie pas, on ne peut pas être à l’aise avec. Mes enfants sont de purs « parisiens » et pourtant, comme je disais, ils régrennent leurs assiettes, ils bouriottent la couette de leur lit (signifie qu’on fait rentrer quelque chose dans un espace trop petit) parce que j’emploie ces mots-là au quotidien.