Pour ma première participation au Challenge AZ, je vous invite à faire connaissance avec mon environnement généalogique.
Myrthil, j’en ai toujours entendu parler comme du « grand-père Myrthil ». C’était le père de ma grand-mère maternelle et donc le grand-père maternel de maman. Pour l’anecdote, son nom m’a toujours fait rire et je me demande si ses parents n’ont pas fait exprès de l’appeler ainsi, sachant que leur nom de famille était …SAUVAGE !
Myrthil, c’est un peu mon héros. J’étais intriguée par le cadre dans lequel figuraient ses médailles de guerre et sa légion d’honneur. Ce cadre était placé sur le bahut de la salle à manger de ma grand-mère. Ces médailles étaient épinglées sur un document, avec le nom du grand-père, elles étaient sous vitre, avec plein de petits insectes prisonniers entre le support et la vitre (ces petits insectes qu’on appelle bête à moisson, de forme allongée, toute fines, qui se faufilent dans les cadres photos !)
Il est né en 1892 à Saudoy, dans la Marne et sera fils unique. Ses parents avaient acheté la ferme dans laquelle il vivra avec sa femme et ses 2 filles (dont ma grand-mère) et dans laquelle j’ai passé tous mes étés d’enfance et d’adolescence car mes grands-parents s’y sont installés à la retraite de mon grand-père en 1978.
En 1912, il a 20 ans, il est donc recensé au bureau de Châlons-sur-Marne sous le matricule 1125. Il est incorporé le 10 octobre 1913 comme soldat de 2e classe au 106e régiment d’infanterie de Châlons-sur-Marne. Il passe caporal le 10 avril 1914.
Hélas, la guerre se déclare et Myrthil passera plus de 5 ans sous les drapeaux… avec le grade de sergent durement acquis le 5 juillet 1918.
Dès le 1er août 1914, il part au front avec le 94e régiment d’infanterie. On trouvera ici un lien vers un Historique du 94e RI qui détaille les opérations menées par ce régiment pendant la Grande Guerre.
http://tableaudhonneur.free.fr/RI-094.pdf
Myrthil y passera tout le temps de la guerre, sera blessé 4 fois (le 6 septembre 1914 à Chapton, le 7 octobre 1915 à Souain, le 25 septembre 1916 à Rancourt et le 16 avril 1917 à Berry-au-Bac), sera fait prisonnier le 1er novembre 1918. Il a eu « pendant une captivité de dix jours une attitude très digne, s’est évadé et a rejoint les lignes » (Ordre du Régiment du 13 avril 1919).
94e Régiment d’Infanterie, en campagne le 25 novembre 1918, extrait de l’ordre du Régiment N° 709
Le lieutenant Colonel Détrie, commandant le 94e Régiment d’Infanterie
Cite à l’ordre du Régiment le sergent Sauvage Myrthil, M[atricu]le 1125, 2ème compagnie
Le 1er novembre 1918, chargé de porter un renseignement urgent au moment où le bataillon était menacé d’encerclement, est parvenu, en dépit de violentes rafales de mitrailleuses à trouver le chef de corps lui portant ainsi un renseignement précieux. Soldat d’une bravoure et d’un dévouement à toutes épreuves.
Pour copie certifiée conforme, le 28 janvier 1919
Il sera décoré de la Médaille Militaire par décret du 8 novembre 1929 et sera nommé chevalier de la Légion d’Honneur par décret du 15 octobre 1958.
Il rentrera à Saudoy début 1919 et y épousera une jolie blonde, Berthe Alice GILSON, le 17 janvier 1920. Naîtront Renée en octobre 1920 et Geneviève, ma mémé toujours de ce monde, en 1923. Il mourra le 18 mars 1965, à peine 3 semaines après le décès de son père. La légende dit qu’il a attrapé un mauvais coup de froid lors de l’enterrement de celui-ci et qu’il en est mort…
Le grand-père n’a jamais trop évoqué ces années de guerre, le souvenir qui m’en a été transmis était celui d’un homme dur à la peine, pas trop tendre avec sa femme et ses filles et d’un patriotisme sans faille. Pourtant, quand je regarde sa photo, prise dans les années 50, j’y vois un homme avec un regard doux. Quels secrets, quelles horreurs cachaient-ils ?
Sources personnelles